Saint-Syméon / Qalaat Semaan

De Archéologie au Proche-Orient
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Mission archéologique française de Saint-Syméon-le-stylite (Deir Sem'an et Qal'at Sem'an)

Historique de la mission : La mission archéologique française de Saint-Syméon-le-Stylite dirigée depuis 2007 par Jean-Luc Biscop a fait l'objet d'une convention pluriannuelle signée avec la direction générale des antiquités et des musées de Syrie. Cette mission s'inscrit dans le prolongement des travaux qui ont été dirigés par Jean-Pierre Sodini sur le site de 1980 à 2006.

Organisation-soutien financier-partenaire : La mission est principalement soutenue par le ministère des affaires étrangères et européennes. Elle bénéficie également de soutiens logistique et financier des UMR Orient et Méditerranée (8167) et MAP (Modèles et simulations pour l'architecture, l'urbanisme et le paysage) du CNRS ainsi que du ministère de la culture et de la communication.

Résultats et perspectives : La problématique de recherche s'articule sur deux axes majeurs correspondant aux éléments prégnants du site :

1 - l'architecture monumentale et vernaculaire et le développement de type urbain du village ;

2 - la culture matérielle au temps du pèlerinage.

Géolocalisation

Localisation : Préfecture d'Alep, commune de Dart‘Azzeh

N 36° 19' 51.81452 E 36° 50' 34.46423

Fig. 3 Restes de la colonne de saint Syméon le stylite

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36.33106,36.84291 </googlemap>


L'étude architecturale et urbaine

Fig. 5 Fragments scannés et modélisés de l'oculus occidental de l'église martyriale de Saint-Syméon-le-Stylite

L'étude architecturale complète l'analyse des éléments majeurs du sanctuaire déjà réalisée. Il s'agit toujours de combiner le relevé des structures encore en place, l'inventaire des blocs errants et les résultats des fouilles pour émettre des hypothèses de restitution(s) (Fig. 5). La mise à disposition de scanners 3D, par l'École nationale des sciences géographiques d'abord puis le MAP ensuite, et la coopération des chercheurs et ingénieurs a permis de faire évoluer la méthode de relevé de l'architecture et de passer de la mise en forme d'une série limitée de coupes et façades en deux dimensions et non-liées entre elles à une capture complète des formes dans un système unique de coordonnées. Cette méthode d'acquisition et de traitement des données métriques numériques, exigeante en précision topographique et gourmande en temps, se perfectionne continuellement et a permis de lancer un programme systématique de relevés en 3D des structures conservées (Fig. 15).



Fig. 7 Scan 3D de la citerne du monastère du sanctuaire de Saint-Syméon-le-Stylite
Fig. 15 Scan 3D du Monastère nord-ouest



L'ensemble du sanctuaire a été scanné (Fig. 4) et une partie des nuages de points a été modélisée, c'est à dire transformés en surfaces et volumes métriques visualisables et interprétables : bâtiments (2003 à 2008), citernes (2009, Fig. 7). Les bâtiments majeurs du village de Deir Sem‘an ont été également scannés : grand moulin (2008), monastère sud-est (2009, Fig. 17), monastères sud-ouest (Fig. 16) et nord-ouest (Fig. 14 et 15) et église nord (2010). L'étude du grand moulin fait partie du sujet de thèse de doctorat en archéologie de Micheline Kurdy, architecte syrienne.



Fig. 17 Scan 3D du monastère sud est
Fig. 14 Monastère nord-ouest vu d'un cerf-volant
Fig. 16 Monastère sud-est vu d'un cerf-volant



La topométrie du site de Qal‘at Sem‘an a été reconstruite dans le but d’assurer la cohérence géométrique de toutes les interventions par les géomètres, architectes et archéologues sur le site lui-même et dans un périmètre d’influence directe que l’on peut limiter à un rayon de 10 km environ et de permettre à tout utilisateur d’utiliser directement les coordonnées sans avoir de corrections d’échelles ou d’orientations à faire.

Un ensemble de points de référence a été déterminé progressivement entre 2003 et 2008. Les coordonnées x et y ont été fournies dans un système en projection stéréographique centrée sur un point du site (GPSREF).

Un système de projection spécifique a été créé, orienté sur le nord astronomique, avec une échelle de distance correspondant aux mesures sur le terrain, et des altitudes fournies par rapport au niveau de la mer. La synthèse du système de référence topographique a été achevée en juillet 2008. Le réseau topométrique réalisé en 2003 comprend un ensemble de repères dont les coordonnées sont fournies dans un système local spécifique appelé « Saint-Syméon », rattaché au système WGS84 (lié au GPS). Ce système local a comme origine GPSREF.

Afin de minimiser les effets de la courbure de la terre, la projection associée est une projection stéréographique dont l’origine est le point GPSREF. Nous avons rejeté l’option d’utiliser le système de projection syrien n'a pas été retenu car le site de Qal‘at Sem‘an se trouve loin de son point origine (au sud-est de Palmyre) et il y aurait eu des corrections d’orientations et un facteur d’échelle importants à introduire. Il ne reste que quelques éléments architecturaux à relever pour pouvoir dresser un plan complet du village et analyser son évolution en associant l'état actuel et les documents anciens graphiques et photographiques.

La culture matérielle au temps du pèlerinage

L'étude de la culture matérielle au temps du pèlerinage repose sur deux éléments qui se sont avérés être des gisements archéologiques très riches mais situés à l'extérieur du sanctuaire de Saint-Syméon : le secteur de l'arc triomphal et des boutiques (Fig. 8), d'une part, et celui des thermes, d'autre part. Ce dernier se trouve au pied du versant sud-ouest de la colline de Qal'at Sem'an, sur un plateau peu élevé qui domine les plaines de Qatura et de l’‘Afrin. Il est constitué par un noyau ancien d’habitations, situé au Nord, qui semble connaître un développement et une extension plus tardive vers le Sud et l’Est. Cette dynamique territoriale ne peut s’expliquer que par les besoins du pèlerinage puisque une grande part des bâtiments de ces nouveaux quartiers ont été identifiés depuis H.C. Butler et G. Tchalenko comme des auberges pour pèlerins (Fig. 18), boutiques et bazars.

Fig. 8 Boutiques près de l'arc triomphal
Fig. 18 Résidences

L'arc triomphal et les bâtiments attenants

La fouille des six bâtiments VS01 à VS06 du secteur de l'arc triomphal et des boutiques est conduite par Dominique Pieri, maître de conférences à Paris I. Les opérations de terrain menées sur la zone de la via sacra par la mission ont débuté en 2007. A ce jour, quatre campagnes se sont déroulées et ont porté sur l’étude d’une série de bâtiments situés dans la zone de l’arc triomphal et interprétés depuis Georges Tchalenko comme des bazars et boutiques.

Si le sanctuaire est maintenant bien connu du point de vue architectural et de son évolution, les bâtiments annexes, et plus éloignés, n’avaient pas encore fait l’objet d’étude spécifique alors qu’ils participent à la compréhension globale du lieu de pèlerinage.

Les investigations archéologiques ont été concentrées autour de l’arc triomphal, sur une portion de la via sacra, voie processionnelle, flanquée à cet endroit de petits bâtiments. L’arc est approximativement équidistant de 400 m du sanctuaire et du noyau primitif du village de Télanissos, aujourd’hui Deir Sem'an. Il matérialise le franchissement sur le territoire du sanctuaire, dans lequel on pénètre véritablement par l’ancien propylée aménagé dans la mandra. Relativement éloigné de l’entrée du sanctuaire, sa position à mi-chemin sur le tracé de la voie ascensionnelle, souligne son rôle dans l’entreprise de glorification du saint stylite et symbolise aussi une démarcation solennelle avant l’ascension vers le lieu sacré.

Selon les éléments architecturaux et décoratifs, l’arc a été érigé vers la fin du Ve s. ou au début du VIe s. ap. J.-C., s’inscrivant ainsi dans le programme général de construction du sanctuaire.

La zone de l’arc est également liée au village de Télanissos.

Le premier tronçon de la voie sacrée, c’est à dire celui qui précède l’arc, présente la particularité d’être longé de part et d’autre de façades de bâtiments en enfilade s’ouvrant sur le trajet avec une disposition symétrique. Les constructions présentes dans cette partie du site sont adaptées à la topographie du terrain puisqu’elles s’échelonnent en fonction du fort pendage que présente la voie.

L’allure de ces bâtiments est très standardisée : ils sont toujours précédés d’une courette ou d’une devanture et présentent un plan rectangulaire qui correspond à une pièce unique en rez-de-chaussée, par laquelle on accède de plain-pied sur la voie sacrée. On note la présence systématique d’une porte, percée dans le mur du fond de la pièce principale, ouvrant sur une arrière-cour généralement clôturée par un muret. La couverture devait probablement se présenter sous la forme d’un toit à bâtière couvert de tegulae et imbrices.

Le nombre de ces petits bâtiments ne peut être déterminé avec précision en raison du mauvais état de conservation d’une partie de la voie mais on estime qu’une trentaine de ces édifices devaient se faire face. Leur interprétation est aujourd’hui bien assurée puisque deux unités ont été fouillées en 2009 et 2010 (nommés VS 03 et VS 05). Il s’agit véritablement de boutiques à l’architecture simple et dont la fonction commerciale nous est suggérée par la quantité importante de monnaies de bronze trouvées : 363 pièces en VS 03 et 553 en VS 05.

Parmi l’ensemble des édifices bordant la voie sacrée, deux bâtiments présentent une position privilégiée (VS 01 et VS 02) (Fig.9). Ils se situent non plus sur le trajet entre le village et l’arc, mais sont placés immédiatement après ce dernier. Le choix de l’implantation de la fouille a été dicté en partie par le bon état de conservation des structures mais aussi par leur situation topographique, offrant ainsi une sorte de verrou, un passage obligé pour les pèlerins voulant accéder au sanctuaire.



Fig. 9 Bâtiments VS01 et VS02



Fig. 12 Cruchette détourée

Le bâtiment VS 01 est directement accolé à l’arc, tandis que VS 02 en est distant d’une dizaine de mètres au nord-est mais situé dans l’axe du passage de l’arc. Ceci est d’autant plus remarquable que l’alignement des boutiques cesse après le passage de l’arc. Ces deux bâtiments sont donc isolés et se distinguent clairement de l’ensemble commercial.

Ces édifices, VS 01 et VS 02, se singularisent également par leur plan. Ils sont de taille plus importante et présentent un plan plus complexe que celui des deux boutiques avec en particulier un partitionnement de l’espace. Il faut signaler la présence d’un mobilier exceptionnel découvert dans ces deux bâtiments qui ne peut s’expliquer qu’au travers du pèlerinage et du culte rendu au saint. Ils s’agit de souvenirs et d’objets de dévotion (eulogies à l’effigie du saint, bracelets en métal cuivreux et en argent, médailles, ex-voto) et de bibelots (vases divers en poterie, lampes à huile, verreries, éléments de parure vestimentaire en métal ou en ivoire). (Fig. 10, 11, 12 et 19)








Fig. 19 Eulogie
Fig. 10 Boucle byzantine en or
Fig. 11 Bracelet en argent



L’hypothèse que nous retenons pour l’identification de VS 01 et VS 02 est qu’ils ont pu avoir pour fonction de filtrer, d’accueillir et de canaliser les flots de pèlerins aussi bien que de leur vendre des objets souvenirs du pèlerinage.

Si la fréquentation du sanctuaire se poursuit jusqu’au Xe siècle, les bâtiments situés de part et d’autre de l’arc et liés au pèlerinage sont abandonnés dès les premières années du VIIe siècle. On n’en connait évidemment pas la raison objective. Aussi il est tentant de lier les bouleversements de la zone de l’arc triomphal et son abandon définitif aux événements brutaux et en particulier sécuritaires qui menacent la Syrie dans les années 612-613. Les opérations militaires perses menées contre Héraclius ont atteint leur point culminant lors de la prise des villes d’Antioche et Apamée dont les territoires ont été largement touchés.

Ces bâtiments, boutiques et centre d’accueil/guichets pour pèlerins, sont d’une grande importance pour la compréhension du site, qui compte tenu de sa richesse n’a pas fini, loin s’en faut, de livrer tous ses enseignements. Les études en cours et les programmes ultérieurs nous permettront assurément d’affiner notre vision. Ceci devrait contribuer à une meilleure connaissance du fonctionnement et de l’organisation d’un grand lieu de pèlerinage de l’Orient chrétien et du tissu économique dans lequel il s’inscrit.

Les thermes (Fig. 13)

Fig. 13 Plan des thermes de Télanissios

À moins d'une centaine de mètres à l'ouest et en contrebas de l'entrée principale du sanctuaire, se trouvait un amoncellement de blocs enfouis sous la végétation et coiffant des ruines aux allures de fortification. La présence d'une série de quatre grandes carrières-citernes en amont et de terres cendreuses noires en aval ainsi que la découverte en surface de deux fragments de tubulure ont fait penser à des thermes, liés, compte-tenu de leur proximité avec le sanctuaire, au pèlerinage. La campagne 2007 a été consacrée aux relevés topométriques des éléments visibles en surface. Il était déjà possible de voir que l'on y accédait depuis le centre du village, par un chemin d'orientation sud-nord, situé légèrement plus bas que la voie sacrée, et sans lien apparent avec cette dernière. Des traces au sol, retailles dans le rocher, vestiges de clôture antique ainsi que des restes d'aménagement en attestent le tracé.

L'ensemble monumental se présente sous la forme de deux bâtiments voisins mais distincts, celui le plus au sud semblant correspondre à l'aboutissement du chemin.

La fouille proprement dite a été lancée en juillet 2008 elle a porté essentiellement sur le bâtiment nord et l'hypothèse des bains s'est rapidement confirmée.

Les bains sont accessibles par un chemin à flanc de colline qui part du village de Télanissos et passe au-dessous de l'arc triomphal, c'est-à-dire qu'il est bien distinct de la voie sacrée. Il est identifiable de point en point par des nivellements dans le rocher. Le chemin devait buter en cul-de-sac sur la façade sud, dont quelques assises seulement sont visibles, encadrant la porte d'entrée, large mais dépourvue de décor.

L'organisation générale des bains est étroitement liée à la morphologie du relief. Les deux bâtiments sont implantés sur une terrasse prolongeant le chemin d'accès et contenue à l'ouest par un mur de talus qui n'a d'ailleurs que partiellement résisté aux séismes. La grande citerne la plus proche située une vingtaine de mètres à l'est, à 5 m seulement en amont d’un réservoir intermédiaire, fournissait l’eau nécessaire.



Cette citerne est une ancienne carrière allongée à ciel ouvert qui a été partiellement couronnée sur son pourtour d'un mur. C'est celle qui a vraisemblablement été ouverte pour la construction des thermes.

Le bâtiment sud, complètement éboulé et envahi par la végétation, est difficilement lisible. Il était allongé (sud-nord) et précédé au couchant d'un portique à piliers.

Pour le bâtiment nord, mis à part les locaux techniques dont une partie seulement en a été identifiée, l'essentiel de la composition est rectangulaire et formé de trois galeries (ouest, nord et est) ouvertes sur une cour centrale au travers de colonnades. L'espace était fermé au sud par une suite de trois pièces voûtées, contre lesquelles se trouvaient, plus au sud encore, les pièces chauffées. L'accès au foyer était à l'ouest, en contrebas, du fait de la déclivité naturelle du terrain. Deux des trois galeries et la cour centrale étaient mosaïquées, ainsi que certaines pièces de bain (en particulier la douche froide). Les chapiteaux de colonnes sont de types différents entre eux mais tous très proches de ceux du martyrion de Saint-Syméon, ce qui invite à supposer que les deux bâtiments étaient quasiment contemporains.

Fig. 20 Déplacement d'un voussoir

Au cours de la campagne 2010 (Fig.20), les deux tiers de l'ensemble des mosaïques ont pu être mis au jour. La prochaine campagne permettra d'achever le dégagement de cet espace et de comprendre l'architecture du projet initial avec ses dispositifs d'adduction de l'eau et de chauffage ainsi que les différentes modifications du bâtiment au cours de la période d'utilisation comprise entre la fin du Ve et le VIIIe siècle.

L’étude des matériaux recueillis (céramique, verre, objets, monnaies, macro-restes végétaux et faune) en particulier dans les niveaux de construction, d’utilisation (rejets cendreux et latrines) ou encore de destruction permettra de préciser les datations avancées pour les différentes phases jusqu’aux réutilisations tardives tout en les replaçant dans leur contexte environnemental.

Le secteur central a livré, sous une épaisseur de couches archéologiques variant d’un quarantaine de centimètres à plus de deux mètres, un ensemble de mosaïques composé en panneaux disposés en fonction des éléments d'architecture, montants d'angle et plinthe des bases de colonne. Dans l’entre-colonnement se situent des motifs de losanges noirs, gris et rouges qui rappellent des dessins en perspective. L’espace central de l’atrium est occupé par une succession de motifs octogonaux délimités par une large tresse polychrome à deux brins. Le décor central est symétrique, il utilise un répertoire décoratif bien connu à la période paléochrétienne associant en alternance des motifs géométriques (nœuds de Salomon, sphère dentelée) et des éléments floraux (arbre, feuillage ou fruit) ou encore des oiseaux. La première campagne avait permis d’identifier les latrines nord comme un ajout tardif greffé sur l’angle nord-ouest des galeries.

L'espace central était également lié aux trois salles voûtées reconnues sous les amas de blocs tombés au sud. Il semble s’agir d’une pièce barlongue, large d’environ trois mètres et divisée en trois parties par des montants en vis-à-vis. Entre ces derniers et les murs orientaux et occidentaux, prennent place trois voûtes transversales appareillées en berceau. L’espace situé en contrebas à l’ouest, s’est révélé abriter le dispositif de combustion (fournaise ou praefurnium) du dernier état des bains. Installé à l’intérieur d’une pièce allongée dont les parois étaient constituées de petits moellons, lié à la terre au sud et au mortier gris avec des arases de briques au nord, il est formé par un puissant massif de blocs irréguliers noyés dans une argile rouge occupant le tiers est de la pièce. Ce massif devait abriter le foyer de chauffage et servir de soutènement à la chaudière dont un fragment de paroi en plomb a été retrouvé.

L’énorme quantité d’eau nécessaire au fonctionnement quotidien de l’établissement balnéaire était collectée par les trois citernes supérieures et acheminée dans la carrière 4 réaménagée en citerne. La présence, entre les citernes 3 et 4, de trois long blocs rainurés (une quinzaine de cm environ de section) et emboîtés laisse penser que les carrières 1, 2 et 3 qui ont vraisemblablement été ouvertes pour la construction de la mandra du sanctuaire ont été mises en communication pour alimenter les bains. La naissance du conduit ainsi que quelques mètres de son tracé ont été identifiés à partir de l’angle nord-ouest de la dernière citerne.

Les annexes de l’édifice principal sont encore inconnues, à l’exception du bâtiment à portique jouxtant l’entrée principale et et d’un large escalier à paliers montant après un quart tournant le long du mur de l’amenée d’eau supposée. Cet escalier et l’espace qu’il dessert pourraient être liés à une fonction de déambulation des utilisateurs des bains, sorte de palestre à ciel ouvert sans doute en relation avec le portique repéré en contrebas, mais fortement ruiné à l’est de l’entrée.

Fig. 21 Portique oriental des thermes

Les indications chronologiques fournies par la stylistique des chapiteaux et des tapis de mosaïques placent sa construction dans la même phase de construction que la mandra, le mur d’enceinte du sanctuaire, à la fin du Ve siècle. Les rares vestiges datables se rapportent aux phases de réaménagement (lampe omeyyade en pâte rouge de type « Brittle Ware ») et permettent d'attribuer la dernière phase de fonctionnement du bain à la seconde moitié du VIIe siècle ou au début du VIIIe siècle.

Après l’effondrement des portiques, la partie centrale de l’atrium a connu une occupation tardive (monnaies omeyyades et abbassides, céramique glaçurée de la seconde moitié du IXe siècle) installée une dizaine de centimètres seulement au-dessus des tesselles, sur la couche rouge de destruction des toitures. Elle était délimitée par une ligne de blocs remployés, en particulier des tronçons de colonnes disposés verticalement et des blocs hétérogènes. Le rangement organisé des blocs provenant de la destruction des arcs des portiques, identifié en 2010, pourrait être associé à une phase de récupération des matériaux. La petite porte ouest d’accès à cette occupation atteste néanmoins du caractère précaire de ces aménagements.

Les prochaines missions seront consacrées au dégagement des mosaïques (partie orientale) et des pièces froides au sud de l'atrium (Fig. 21). Elles porteront aussi sur l'étude du bâtiment sud à portique de manière à avoir une meilleure compréhension de l'ensemble thermal et de sa corrélation avec le sanctuaire et le village de Télanissos.

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