Tell Hariri - Mari

De Archéologie au Proche-Orient
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La mission archéologique française de Mari

Favissa temple bas du massif (mission archéologique française de Mari, 2009)


Fiche descriptive

  • Localisation: Syrie (Coordonnées UTM E = 671571 N = 3822904 soit 40,86 longitude est et 34.53 de latitude nord pour le point de base du carroyage)
  • Cadre institutionnel:
  • Responsables de la mission:
  • Résumé:

Géolocalisation

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Description générale

Les recherches sur le site archéologique de Tell Hariri- l’antique Mari- ont débuté en 1933, à la suite de la découverte fortuite d’une statuette du IIIe millénaire. Le site archéologique est situé dans la moyenne vallée de l’Euphrate en Syrie, à quinze km d’Abu Kémal, à la frontière syro-irakienne.

Palais sud du site archéologique de Mari, superposition des palais, ville 2 et ville 3 (mission archéologique française de Mari, 2007)

46 campagnes ont permis d’amorcer l’étude d’une des grandes capitales du pays de Sumer et d’Akkad. Le découvreur de tell Hariri, André parrot, identifia le site avec Mari dès la première campagne en 1933 et dirigea la mission jusqu’en 1974. D’exceptionnelles découvertes archéologiques puis philologiques ont fait de Tell Hariri l’un des sites les plus prolifiques de l’archéologie syro-mésopotamienne, pour les âges du Bronze ancien et moyen, périodes au cours desquelles la cité fut une capitale majeure. La découverte d’une série de sanctuaires suméro-akkadiens détruits au XXIV e siècle puis la découverte du Grand palais royal et des édifices qui l’ont précédé ont fait de ce site un des foyers majeurs de l’étude des civilisations qui se sont succédées en Mésopotamie. La reprise des recherches, sous la direction de Jean Margueron de 1979 à 2004 a permis de mieux comprendre le contexte régional dans lequel cette capitale, la « métropole de l’Euphrate » s’est développée. Place marchande de tout premier plan, Mari est une ville nouvelle fondée au début du III e millénaire pour contrôler la route commerciale le long de l’Euphrate, une route qui liait le monde syro-anatolien producteur de métaux et de bois au foyer urbain de Mésopotamie du Sud : Mari fut la porte ouest de Sumer et d’Akkad et cette situation unique fut la source de sa richesse et de sa puissance. Tell Hariri est un lieu idéal pour étudier l’urbanisation de la Syrie mésopotamienne et la nature des contacts qui ont existé dans la longue durée entre monde syrien et monde suméro-akakdien.

Enjeux scientifiques, problématiques, résultats principaux

Les recherches actuelles, depuis 2005 sous la direction de Pascal Butterlin, comprennent plusieurs volets distincts :

  • la poursuite du programme de publication des documents écrits, issus des fouilles depuis 1994, sous la direction du Professeur Antoine Cavigneaux (Université de Genève),
  • les recherches archéologiques sur le terrain sous la direction de Pascal  Butterlin (Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines),
  • la mise en valeur du site (conservation préventive, restaurations, et aménagement pour les touristes), sous la direction de Jean Margueron et Mahmoud Bendakir.

La mission archéologique française de Mari est financée depuis sa création par le Ministère des Affaires étrangères (commission nationale des fouilles françaises à l’étranger). Elle associe toute une série d’institutions scientifiques (CNRS, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Université de Strasbourg, Université de Genève, Université de la Corogne, Université d’Iena, Musée du Louvre, Institut de Physique du Globe de Paris, Maison de l’Orient méditerranéen) et Total Syrie pour les travaux de restauration et de mise en valeur.

Plan topograhique du site archéologique de Mari (Favissa temple bas du massif (mission archéologique française de Mari)

Après 46 campagnes de fouilles, la mission archéologique de Mari a défini précisément les conditions dans lesquelles la métropole de l’Euphrate syrien s’est développée, puis a subi deux destructions totales, de la part de souverains venus d’Irak central. Parrot puis Jean Margueron ont défini deux puis trois états successifs de cette ville, la destruction méthodique de la cité à deux reprises vers 2300 puis en 1761 expliquant pour une large part l’extraordinaire condition de conservation des vestiges et la moisson de documents recueillis pendant les fouilles. Les archives royales de Mari recueillies pour l’essentiel au cours des campagnes d’avant-guerre ont permis le développement de toute une branche de l’assyriologie, qui livre un véritable instantané sur la situation au Proche-Orient ancien au début du XVIII e siècle avant notre ère. Les richesses du site sont toutefois loin d’être épuisées. Le programme actuel de recherches est destiné à la fois à étudier l’organisation d’un centre monumental exceptionnellement bien conservé et à explorer les parties restées jusque-là inexploitées : la moitié est du site, dite « ville est » et les tells bas périphériques, situés à proximité du tell principal.

Les fouilles menées depuis 2005 ont abouti à l’établissement d’une séquence stratigraphique nouvelle dans la ville est, dont les résultats majeurs sont l’étude de deux niveaux distincts de ville 2 (2550-2300), et la mise en évidence d’importants dépôts stratifiés de ville 3 (2200-1761), essentiellement de la période amorrite. Les niveaux de ville 1 (2900-2550) ont été atteints en un seul point pour le moment. Le dégagement d’une porte de la ville archaïque et l’étude des modalités d’érosion du tell sur sa pointe nord-est sont les résultats les plus significatifs pour l’étude de l’histoire de la ville. Un programme systématique d’étude de la céramique a été entamé et une belle série de tombes a permis le développement d’un programme d’anthropologie sur les tombes mariotes.

Dans le centre monumental, les travaux se sont concentrés sur l’environnement sud du palais dont les extensions puis réaménagements ont été étudiés. Enfin, c’est le massif rouge et son quartier qui ont livré les résultats les plus probants. Une séquence nouvelle a été établie, sur le monument d’une part, d’autre part dans son environnement. Trois nouveaux monuments religieux ont pu être identifiés, au nord, au sud et à l’ouest. Ces monuments datent de la ville 2. On connaît désormais, grâce à une tablette de fondation de bronze découverte dans le massif, le nom de ce complexe intégré de la période des dynasties archaïques, Sahuri, un terme lié à la ziggurat de Babylone. On a identifié en 2009 le nom de la divinité vénérée au pied du massif rouge grâce aux inscriptions figurant sur les statuettes découvertes dans la favissa du « temple du roi du Pays », en octobre 2009. Ce sont là autant de jalons majeurs pour l’étude d’une des terrasses monumentales du III e millénaire avant notre ère.

Les recherches archéologiques sont accompagnées d’un programme de restauration et mise en valeur du site dont les deux volets majeurs ont été : la restauration du bloc officiel du Grand palais royal de 2004 à 2009, puis la construction en 2009 d’un centre de visite de 300 m2 sur le site. Ce centre est à la fois un espace de réception et un espace d’exposition qui doit accueillir des posters et permettre des conférences. Un plan de gestion global des vestiges a été élaboré, il comprend la clôture du site, la gestion des déblais des fouilles Parrot-Margueron, le comblement des zones fouillées devenues dangereuses et l’installation d’une signalétique sur le site lui-même. Une nouvelle tranche des recherches sur le site doit débuter en 2010, toujours en coordination avec la restauration et la mise en valeur des vestiges : les travaux d’aménagement pour la visite du Grand palais seront accompagnés de fouilles de sauvetage, on prévoit d’amorcer le programme de conservation et de restauration des terrasses, tout en achevant la fouille du secteur du massif rouge. Enfin, une nouvelle tranche de sondages est prévue dans la ville est et surtout dans les tells bas.

Bibliographie sélective

  • BEYER, D. 2007
    « Les sceaux de Mari au III e millénaire : observations sur la documentation ancienne et les données nouvelles », Akh Purattim 1,p. 175-205.
  • BEYER, D. et JEAN MARIE, M. 2007
    « Le temple du DA III du Temple de Ninhursag à Mari : les dépôts votifs du lieu très saint », Akh Purattim 2, p. 75-123.
  • BENDAKIR, M. 2009
    Les vestiges de mari, la préservation d’une architecture millénaire en terre, Editions de la Villette, Paris.
  • BUTTERLIN, P. 2007 a
    « Mari, les Shakkanakkû et la crise de la fin du III e millénaire », in C.Kuzugluoglu et C.Marro (eds.), Sociétés humaines et changement climatique à la fin du IIIe millénaire : une crise a-t-elle eu lieu en Haute Mésopotamie ?, actes du colloque de Lyon, 5-8 décembre 2005, Institut français d’études anatoliennes Georges Dumézil-Istanbul, de Boccard, p. 227-247.
    2008 a
    « L’évolution de la ville 1 de Mari : problème de stratigraphie au chantier L », actes de ICAANE 4, Berlin, H. Kükne éd., p. 355-364.
    2008 b
    « Les nouvelles recherches archéologiques françaises à Mari (2005-2006) », Studia Orontica II, p. 61-89.
    2009a
    « Les enjeux des nouvelles recherches archéologiques françaises à Mari », in F. Caramelo et J.L. Montero-Fenollos (dir.), II e rencontre syro-franco-ibérique d’archéologie et d’histoire ancienne du Proche-Orient, la basse et moyenne vallée de l’Euphrate syrien : zone de frontière et d’échanges, Estudos Orientais X, Instituto Oriental, Lisboa, p. 53-79.
  • BUTTERLIN, P. et MARGUERON , J. C. 2006
    « Deux roues à Mari et l’invention de la roue en Mésopotamie » in Pétrequin et alii (dir.), Premiers chariots, Premiers araires, la diffusion de la traction animale en Europe pendant les IVe et IIIe millénaires avant notre ère, CRA 29, CNRS éditions, Paris, p. 317-328.
  • Butterlin et al., à paraître, « Rapports préliminaires sur les campagnes 2005 et 2006 à Mari », in Akh Purattim 3.
  • GEYER, B. et MONCHAMBERT, J.Y. 2003
    La Basse vallée de l’Euphrate syrien du Néolithique à l’avènement de l’Islam, BAH, Beyrouth, MAM VI.
  • JEAN-MARIE, M. 1999 Tombes et nécropoles de Mari, BAH, Beyrouth, MAM V.
  • MARGUERON, J.
    2004
    Mari, Métropole de l’Euphrate au IIIe et au début du IIe millénaire, Picard/ERC.
    2008
    « Le royaume de Mari », Studia Orontica II, p.7-61.
    2009
    « La fondation de Mari, Première approche d’une technologie de fondation », in F. Caramelo et J.L. Montero-Fenollos (dir.), II e rencontre syro-franco-ibérique d’archéologie et d’histoire ancienne du Proche-Orient, la basse et moyenne vallée de l’Euphrate syrien : zone de frontière et d’échanges, Estudos Orientais X, Instituto Oriental, Lisboa, p. 13-35.
  • NICOLINI, G. 2007
    « Les ors de Mari, état de la recherche », Akh purattim 1, p. 165-174.
  • NICOLINI, G. 2011
    Les Ors de Mari, BAH 192, Presses de l’Ifpo, Beyrouth. Présentation de l’ouvrage : http://www.ifporient.org/node/848